- Les essais de la Be 4/6 108 du BEB
C’est à partir du 11 juillet 1972, pour une durée d’environ 1 mois, que la CGTE teste une motrice articulée à 3 bogies. Elle est la propriété de la Compagnie du Birseckbahn (Bâle – Arlesheim – Dornach). Elle porte le numéro 108.
Cette automotrice articulée permettra d’expérimenter quelques-unes des nouveautés qui seront introduites sur le nouveau matériel roulant que la CGTE se propose d’acquérir dans un avenir assez rapproché. Chaque réseau ayant ses particularités, il n’est pas question pour la CGTE de commander des automotrices identiques à celle de la Birseckbahn, dont les conditions d’exploitation et de trafic diffèrent passablement de celles de notre réseau. L’essai de cette automotrice est seulement la première étape qui conduira au renouvèlement complet du matériel roulant de la ligne 12.
Ci-dessous, ordre de service informant le personnel du prochain test. – Archive bustramgeneve/tpg
Ci-dessous, test de la motrice 108. Cours de Rive en juillet 1974 – Photo. JML
Le numéro de ligne 12 était peint sur la vitre de la girouette, puisqu’il n’y avait qu’une ligne de tram !
Ci-dessous, test de la motrice 108. Place de Neuve en juillet 1974 – Photo. JML
Caractéristiques principales
- Motrice articulée à 2 éléments type Be 4/6, c’est-à-dire 4 essieux moteurs et 2 essieux porteurs
- Longueur totale: 19,20 m (entre tampons 19,40 m) Largeur totale : 2, 20 m
- Rayon min. des courbes: 10,50 m
- Hauteur du plancher : 890 mm
- Capacité: 46 places assises, 104 debout » total 150 Vitesse max. : 60 km/h
- Suspension: pneumatique (amortisseur hydraulique pour les mouvements transversaux)
- Transmission: arbres à cardans et engrenages hypoïdes silencieux Roues élastiques SAB
- Freins électriques à 16 crans, freins électromagnétiques sur rails
- Frein pneumatique: à disques avec réglage du freinage en fonction de la charge
- Puissance: 2 moteurs de 150 kW = 300 kW
- Equipement électrique: 600 V courant continu, controler entraîné réglé par électronique
- Poids total: à vide 23 tonnes, en charge env. 34 tonnes
- Année de construction: 1971/72
- Constructeurs: mécanique Schindler Waggon AG, Pratteln
- Equipement électrique : Siemens (moteurs BBC)
Le futur matériel roulant de la ligne 12
Le matériel roulant de la ligne 12 est vieux de presque un quart de siècle. Quoiqu’il soit dans un excellent état d’entretien et parfaitement adapté au service qu’il assure, il faut, pour différentes raisons, songer à le renouveler.
Un nouveau matériel roulant, construit selon les techniques les plus récentes, apportera en particulier les avantages suivants;
Capacité des convois
La capacité actuelle des convois est de 200 ‘voyageurs. Aux heures de pointe, il serait souhaitable de disposer d’une capacité plus élevée, de façon à éviter d’augmenter exagérément le nombre des convois en service et de les faire circuler à intervalles trop rapprochés.
Confort
Les suspensions pneumatiques modernes assurent un confort accru. D’autre part, la proportion des places assises par ‘rapport aux places debout doit être augmentée et le confort des sièges amélioré.
Bruit
Les automotrices actuelles sont très bruyantes. La transformation en cours des engrenages réalisée sur presque la moitié du parc, a déjà permis d’obtenir des résultats intéressants. Toutefois, une amélioration décisive ne pourra être obtenue qu’avec un nouveau matériel roulant équipé d’engrenages silencieux modernes à hypoïde ou à vis sans fin.
Puissance
La circulation en quasi-site propre permet d’augmenter la vitesse commerciale, ce qui exige une puissance plus élevée des moteurs de traction.
On a déjà tenu compte de ce facteur dans le dimensionnement de la nouvelle sous-station à redresseurs qui alimentera en courant la section comprise entre Chêne-Bourg et Moillesulaz et qui est actuellement en cours de construction.
Fiabilité et entretien
Etant donné la pénurie de main-d’oeuvre, la fiabilité du nouveau matériel roulant devra être maximum et l’entretien réduit à un minimum. Des progrès importants ont été réalisés dans ce domaine depuis un quart de siècle.
Adaptation au self-service
Le nouveau matériel devra naturellement être adapté au self-service introduit sur la ligne 12 dès le mois de septembre 1970. Il s’agit en particulier de la disposition des portes.
- Motrices Düwag ASEAG – Série 795 à 799
En 1973 il se présenta une occasion favorable d’acheter quelques motrices articulées à la ville d’Aix-la-Chapelle qui avait remplacé les tramways par des autobus. Parmi le matériel roulant mis en vente, la CGTE put se procurer 5 rames articulées relativement récentes. Ce matériel nécessita évidemment quelques adaptations aux normes CGTE (pantographes et accouplement notamment).
La première Be 4/6 (795), est livrée le 10 février 1975 à la Jonction. Elle est présentée à la presse le 24 février (encore équipée de son pantographe allemand dont le frotteur a été changé) en même temps que le nouveau trolleybus articulé FBW 632.
La livraison des quatre autres «Düwag» (796-799) intervient entre mars et août de la même année. Des mois de travaux sont encore nécessaires avant la mise en service (15) , en particulier une grande révision des équipements électriques, ainsi que le remplacement du pantographe allemand, par un pantographe de type « Sécheron » et son déplacement du centre du véhicule au droit du premier bogie, afin d’éviter tout désaxement par rapport à la ligne de contact. Finalement, après de nombreux essais et la formation des conducteurs, les Be 4/6 795 et 798 entrent en service régulier sur la ligne 12 le 10 mars 1976, comme motrices unidirectionnelles (16). La 797 est opérationnelle quelques mois plus tard. Les 796 et 799 ne seront jamais engagées et servent de réserve de pièces de rechange jusqu’à leur démolition.
Durant l’été 1981, le bogie porteur central de la 795 est provisoirement remplacé par le bogie transporteur Ua 618B de la compagnie Yverdon – Sainte-Croix. Le montage de ce bogie aux roues de 375 mm de diamètre, conçu et développé par ACMV pour le transport de wagons à voie normale, permet de tester la faisabilité des futures Be 4/6 à plancher surbaissé.
Les trois «Düwag» 795, 797 et 798 roulent une dizaine d’années sur la 12. La conduite est complètement différente de celle des «700». Leur circulation est assortie de prescriptions particulières: en raison de leur porte-à-faux, elles ne peuvent pas croiser d’autres trams dans certaines courbes serrées, par exemple au bas de la rue de la Corraterie, à la rue Saint-Victor ou sur la voie d’accès au dépôt à Plainpalais. Si elles permettent d’augmenter le nombre total de places du parc tramway de quelque 10%, elles sont peu appréciées par la clientèle et par le personnel. Leur faible capacité unitaire(1), leur aménagement intérieur comportant des couloirs étroits, leurs accès difficiles (en particulier par les deux portes simples) avec emmarchement raide, ralentissant la vitesse commerciale, en font des véhicules dépassés pour l’époque.
Leur faible puissance par rapport à leur masse (18) est jugée insuffisante pour assurer des services avec remorque sur les longues rampes de la ligne 12.
Au final, ce qui devait être « une excellente affaire», selon le Conseil d’administration en 1974, se révèle être un fiasco. On a dépensé un million de francs pour trois automotrices mises effectivement en service, sans compter l’achat d’une machine à tourner les essieux, qui n’a jamais servi! Les Be 4/6 796 et 799 sont démolies à La Jonction en mai 1980 et juillet 1986. A la mise en service des premières « DAV», les 795, 797 et 798 sont une nouvelle fois revendues. Elles prennent la direction du nord de la France et circulent sur leur quatrième réseau, celui de Lille, de 1988 à 1994, sous les numéros 301 à 303.
Quelques images
Ci-dessous, arrivée à la Praille de la première Düwag le 10 février 1975. – Photo tpg
Ci-dessous, arrivée d’une Düwag en 1975 – Photo JML
Ci-dessous, Düwag 795, Place de Neuve en juillet 1975 – Photo JML
Ci-dessous, la motrice 798 au Rond-Point de Plaipalais en juin 1977. – Photo André Knoerr
En raison du grand porte-à-faux dans les courbes, bien visible sur la photo ci-dessus, plusieurs interdictions de croiser étaient à appliquer avec ces motrices Düwag.
Avant son remplacement par une courbe de plus grand rayon, les motrices Düwag étaient soumises à une interdiction générale de croiser dans ce virage au Carrefour rue St. Victor / rue du Pont-Neuf à Carouge, en raison du porte à faux engageant le gabarit du sens inverse, comme le mentionne l’ordre de service ci-dessous.
Ci-dessous, virage au Carrefour rue St. Victor / rue du Pont-Neuf à Carouge. Photo André Knoerr
Ci-dessous, motrice Düwag 798 du côté de Moillesulaz approchant l’arrêt Tronchet en mars 1980 – Photo André Knoerr
Sur ce premier vrai site propre moderne ouvert en 1967 les poteaux centraux ont été montés trop près des voies!
Il fallut immédiatement installer des barres horizontales aux fenêtres ouvrables côté gauche des 30 Be 4/4 701-730 et 15 B 301-315, caler les fenêtres des deux côtés sur les 9 Be 4/4 61…70 (sauf 68 déjà démolie) et interdire l’accès aux 5 Bi 361…370 en raison de leurs plateformes ouvertes.
Ci-dessous, la motrice Düwag Be 4/6 798 en service sur la ligne 21 (service matinal Gare des Eaux-Vives – Augustins, en correspondance avec les trains, créé en 1986) attend ses voyageurs. Photo André Knoerr
Chargée un peu acrobatiquement sur une remorque routière, la Be 4/6 Düwag 797 s’apprête à partir pour son quatrième réseau à Lille (F). Après avoir roulé à Mönchengladbach (33), puis à Aachen (1103), la 797 a parcouru 155.000 kilomètres à Genève entre 1975 et 1987. A Lille elle circulera sur le « Mongy » sous le numéro 302. Photo André Knoerr.
En 1972, des essais seront à nouveau effectués, cette fois avec un convoi motrice BLT 202 + remorque BVB 1447. C’est ici : https://www.bus-tram-geneve.ch/site/convoi-be-46-202-blt/
